Curieux de rencontres impromptues et de bricolages sonores, le guitariste virtuose Fred Frith aborde l’improvisation comme une respiration méditative en actes.
De New York à Tokyo, du blues au folk en passant par le jazz et le flamenco, la musique indienne, balinaise et nippone, l’homme croise des alter ego de la scène expérimentale, dont John Zorn, Arto Lindsay et Iva Bittova. « Je suis influencé par les gens avec lesquels je travaille à un moment donné. La collaboration est un aspect crucial pour garder la musique vivante et j'en apprends beaucoup plus que dans l'admiration ou même l'amour ressentis pour des choses entendues par les disques ou lors de concerts. »
Une cueillette furieuse de myriades de sons qu’embrasse à merveille le documentaire tirant vers l’abstraction, Step Across the Border (1990) dû à Nicolas Humbert et Wolfgang Panzer. L’improvisation chez Fred Frith y est ouverture « continue à tous les possibles » et défi d’ « embrasser l’inconnu ». Elle est une façon d’être au monde. L’artiste vit ainsi le film comme une « peau permettant de se réinventer » après chaque vision.
Danses du temps
En 1998, ses sonorités disjointes au langage heurté, déstructuré envhaissent le plateau de Kaspar. Il est alors au côté entre autres du chorégraphe et danseur français François Verret. « Avec François, j’ai pu apprécier les conversations au cours du processus créatif. Il ne s'agit jamais de c'est ce que je veux. Mais davantage de c'est ce que je lis ou regarde, le voyage que je fais . Cela me laisse l'espace d'imaginer, et permet au matériel, à l'histoire, de croître de manière imprévisible. » Ses artistes de cœur « ont en commun une lutte profonde et résonnante avec le temps et la mémoire ».
Ainsi Paul Klee, Louise Bourgeois, Rauschenberg, Daniel Spoerri, Cornelia Parker, Tarkovski, Eduardo Galeano. Et, singulièrement le cinéaste suisse immersif et hypnotique Peter Mettler. Il fut le premier à l’inviter pour réaliser une musique de film. Ce jusqu’à Gambling, Gods and LSD (2014), docu trip explorant la perception au gré d’enchaînements visuels savants. On s’y laisse emporter comme dans un torrent, à l’image des flux sonores aux fondus-enchaînés magiques à chaque fois réinventés par Fred Frith.
Bertrand Tappolet
http://www.fredfrith.com/
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