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Face aux silences du suicide

Dernière mise à jour : 19 nov. 2019

Le documentaire 1999 - Wish You Were Here tente de réparer les vivants travaillés par les morts volontaires.


Le souffle de l'oubli


Une enseignante travaillée par les remords

Comment réaliser un film sur plusieurs suicides ayant touché, il y a dix-huit ans, un établissement scolaire canadien, sans verser dans l’enquête explicative, la mise en questions de la couverture médiatique et de la censure imposée par les responsables administratifs d’alors, l’analyse psychologique, le portrait des disparu-e-s, l’anamnèse à vertu résiliente, le témoignage de parents hantés et brisés à vie ou le constat préventif du « plus jamais ça » ?


C’est le tour de force qu’accomplit, tout en finesse et subtilité, douce et pertinente intuition, Samara Chadwick. La trentenaire est retournée sur les lieux de son adolescence au fil de trois hivers pour accueillir les paroles, silences et absences de ses ex-camarades de classe de Mathieu-Martin, qui tissent son documentaire en état de grâce, 1999 - Wish You Were Here.


Film choral

Cet opus est un peu l’antithèse de la série fictionnelle Thirteen Reasons Why livrant par le menu les circonstances et agressions, abus et manquements. Soit toute la chaîne causale menant au suicide d’une adolescente américaine au sein d’un lycée. La jeune fille justicière laisse post-mortem des sortes de « revenge tapes » selon Samara Chadwick. En d'autres termes, une série de treize cassettes audio que chaque protagoniste lié à sa disparition se doit d’écouter. Et qui l’implique, le mettant en cause directement ou de manière médiane dans l’acte létal de la jeune fille.


Pour ce film choral et communautaire, il était clair dès le départ, qu'aux yeux de la réalisatrice l’énigme touchant au comment et au pourquoi de ces morts volontaires resterait entière. Souvent, le documentaire est envisagé comme une investigation menant à terme un contexte, des traces, un storytelling structuré et détaillé. Or, pour la cinéaste et les personnes qui ont participé au film, il s’est révélé injuste de tenter d’imposer conclusions et récits aux silences qui entourent ces suicides.


Bertrand Tappolet




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