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Facebook, jalousie pour tous ?

Dernière mise à jour : 19 nov. 2019

Le poignant et ambigu travail photo de Jenny Rova autour du sentiment de la jalousie est une forme singulière d’autofiction tirée de facebook.

Jenny Rova: Inventer un nouveau récit facebook après la fin du couple


Jenny Rova: une image bricolée de l'abscence

Après une rupture douloureuse, la suédoise Jenny Rova se met à espionner son ancien petit ami et sa compagne actuelle sur Facebook. Après avoir téléchargé toutes les images postées par le couple, elle se photographie en imitant les poses et les expressions de l’actuelle compagne de son ex-compagnon. Elle va parfois jusqu’à s’habiller comme elle ou à imiter sa coupe de cheveux.


Pour sa série et livre I would also like to be - a work on jealousy, l’artiste visuelle détaille ainsi sa démarche: «Je suis et espionne mon ex-petit ami et sa nouvelle petite amie. Je les poursuis sur Facebook, en téléchargeant toutes les photos qu'ils y ont téléchargées d'eux-mêmes et les uns des autres. Je me mets à la place de la nouvelle petite amie, imitant sa pose, son expression et m'habillant dans la même tenue. Je me photographie dans la même lumière que sur la photo d'eux. Ma figure, je la colle sur la photo originale, recouvrant celle de la petite amie. De cette façon, je construis ma propre vie rêvée sur la leur. Pendant le processus de prise de pose de la nouvelle petite amie, je fais à nouveau brièvement partie de la vie de mon ex-amant et je peux imaginer ce que ça serait d'être elle.»


Photo montage artisanal

En quelques coups de ciseaux, l’artiste superpose ses autoportraits au visage de sa supposée rivale et s’approprie une vie dont elle est désormais exclue. Son travail questionne la perception des photos intimes et privées, une fois publiées sur les réseaux sociaux. Mais aussi les sentiments insolites qu’elles peuvent susciter chez la personne qui les regarde.


Pour l’artiste visuelle, la rupture suscite un tsunami émotionnel proche du deuil. Et laissant dans son sillage, chagrin abyssal, incompréhension et colère. La démarche est intime, personnelle bien avant d’être conceptuelle. Durant un an, elle collecte sur le profil facebook d’un ancien petit ami des photos avec sa nouvelle compagne. Elle insère une découpe grossière de sa silhouette ou de son visage sur cette «remplaçante».


Rupture et déchirure

Elle a soin de laissé la marque de la déchirure, comme une enfant qui aurait découpé son visage pour le coller sur un autre corps. Il y a donc faux-raccord, blessure et déchirure. Si la démarche la rapproche de la photographe caméléon de l’autofiction, Sophie Calle, elle critique en creux la grammaire affective souvent fake des réseaux sociaux et refigure en la décalant des «images de revanche».


A ses yeux, Ils imposent le régime souvent fake des likes, «où vous devez être le best friend dans une communauté basée sur le respect, l’échange, l’amour et l’amitié réciproques posées comme valeurs absolues». Partant, la jalousie est «source de honte, se révélant sur un mode agressif et invasif sur le net», souligne cette lucide écorchée vive. Son travail traduit aussi bien la vacuité, l’insondable ennui et la répétition des mêmes scènes génériques de vacances émanant d’une vie de couple mise en images sur facebook.


Bertrand Tappolet


#JennyRova #Iwouldalsoliketobeaworkonjealousy #facebook #SophieCalle







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