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Conte écologique dansé

Dernière mise à jour : 27 juil. 2023

La chorégraphie "Baobabs" de Josette Baïz donne corps, images et voix à l’éco-anxiété de ses jeunes interprètes.

"La Nuit tombe", photo de la série "L'Oeil cacophonique" inspirée de l'univers dada et de Facebook. Aurore Valade
"Baobabs". Photo Olga Putz


"Epoca" extraite de la série "L'or gris". Aurore Valade
"Baobabs". Photo Olga Putz

Baobabs, conte écologique imaginé par la chorégraphe française Josette Baïz et son Groupe Grenade se révèle factuellement et parcimonieusement aussi réaliste et précis qu’un rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).


De son côté, le baobab possède une longévité se comptant en millénaires étant apte à endurer les saisons sèches d’Afrique. Mais les variations climatiques sont telles que sept espèces sur dix de cet arbre pourraient succomber sur l’île de Madagascar d’ici 2100.



Tour des désastres

Ce tour d’une planète en sursis se décline en huit chapitres imagés par des projections de sites et paysages, des déserts africains aux pôles qui fondent en passant par une décharge indienne à ciel ouvert vue en surplomb. Sans taire les océans, dont la surface est recouverte aujourd’hui de plus de 170’000 milliards de morceaux de plastique.


A chaque étape, est associée une large palette de styles mouvementistes, contemporain expressionniste tour à tour fluide, sémaphorique et déstructuré, hip hop, danses africaines et indiennes. Des tuttis et soli habilement architecturés sur des compositions électro-acoustiques signées Thierry Boulanger. Le cri n’est jamais loin chez les interprètes, comme le gouffre chez Michaux. Il dit aussi le lancement d’alerte, la résistance, la respiration et l’affirmation générationnelle face à ce qui asservit l’humain.


Somatique et vitaliste


À pas comptés, les quinze pèlerins enfants âgés de neuf à quatorze ans font d’abord procession, emmaillotés dans un noir suaire, qui tient de la bâche de survie de réfugiés climatiques. Leurs évolutions en tourbillon et retournement font parfois songer à la danse expressionniste et chorale allemande d’une Mary Wigman, tant on sait l’attachement de Josette Baïz à l’histoire de la danse. Sur l’écran barrant le fond de scène, s’affiche alors une terre désolée, aride et irrémédiablement craquelée.


Il s’agit par cette tribu enfantine s’essayant à trouver son chemin au milieu du chaos climatique et de l’indifférence quasi générale, de «montrer les richesses et la beauté du monde en même temps que sa destruction programmée, tel un petit peuple tout droit sorti des forêts, ils parcourront la terre pour découvrir l’étendue de sa transformation», comme elle l’avance dans sa note d’intention.


Enfance et danse


Dans la danse, l’enfant affirme sa personnalité et développe la confiance en ses possibles. Aux yeux de Josette Baïz, les enfants sont bien davantage le présent que l’avenir. Tandis que la France attend toujours son hypothétique Centre chorégraphique national dédié intégralement à l’enfance, la chorégraphe fonde en 1992 le groupe Grenade destiné aux sept à dix-huit ans. Il est suivi en 1998 de la création de la compagnie Grenade, un lieu de formation et de création pour les mêmes classes d’âges, de l’enfance à l’adolescence.


Bertrand Tappolet





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