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  • Photo du rédacteurbtappolet

Nouveaux Vagues

Dernière mise à jour : 27 juil. 2023

Retracer l’histoire du flou dans la photographie est un défi. En quelque 400 œuvres et 180 artistes.

"La Nuit tombe", photo de la série "L'Oeil cacophonique" inspirée de l'univers dada et de Facebook. Aurore Valade
Jan Groover. Sans titre. Vers 1975 © Photo Elysée – Fonds Jan Groover


"Epoca" extraite de la série "L'or gris". Aurore Valade
Philippe Cognée. "Guillaume et Thomas", 1996 © Philippe Cognée. Ville de Grenoble. Musée de Grenoble

De l’art à l’expérimental, du pictorialisme à l’amateurisme, l’exposition Flou. Une histoire photographique est scandée par des parallèles avec les histoires croisées de la peinture et du cinéma, avec le flou narratif chez Jean Epstein et Germaine Dulac. Elle raconte l’évolution de cette forme, qui ne saurait se réduire au défaut technique et visuel. L’indéfinissable flou serait donc le continent immergé du 8e art.


Contemporain et expérimental


L’accrochage file jusqu’à l’époque du flou contemporain, section la plus réussie parmi les douze, chronologiques et thématiques, de l’exposition. Le pas net de l’image se pose alors comme une composante importante de l’esthétique photographique. «L’image floue nous parle d’émotions, de sensations et de mouvements, autrement dit du corps qui accompagne toute création d’images», s’enthousiasme sur son site, le psychiatre Serge Tisseron.


Au chapitre du flou expérimental, Eugène Atget voit sa quête de netteté du moindre détail contrecarrée par l’utilisation d’une lourde chambre à soufflet générant de multiples floutés. Il s’est vu alors labellisé d’une nouvelle poésie moderniste par les Surréalistes. Ceci par cette capacité du flou à opérer un glissement vers l’imaginaire dépassant la simple dimension documentaire de ses photographies de rues, promenades et parcs parisiens.


Flou politique


Au détour de l’affirmation de l’image numérique à l’orée de ce siècle, les artistes se penchent sur la dématérialisation du réel, questionnant les possibilités tant de dissimulation que d’expressions plastiques et critiques liées aux web, réseaux sociaux et flux informationnels. Pour sa série Anonymous Gods, Marion Balac reprend de monumentales statues de divinités vues au lointain. Leurs visages de pierre à l’instar de ceux des humains sont automatiquement floutés par un logiciel de Google Street View.


Catherine Leutenegger met en abyme les flux des réseaux sociaux. Présentée en caisson lumineux, son œuvre Fire and Fury clôt le parcours de l’exposition sur une forme vaporeuse de champignon nucléaire indéterminé. Le rendu de l’image semble dériver vers les installations luminescentes vibratiles du plasticien américain James Turrell. Il s’agit initialement d’un post tiré d’un article du Time.


L’ensemble est intentionnellement flouté et est composé notamment d’un portrait de Trump assorti de sa déclaration à son homologue Kim-Jong-un: «La Corée du Nord sera confrontée au feu et à la fureur», si elle persiste à intensifier ses essais nucléaires. La série Outstanding Nominals, permet au Français Sylvain Couzinet-Jacques de refigurer une tradition multiséculaire d’émeutes, saccages et vandalisme. Puisant des images de militants insurrectionnels sur la toile avant de les agrandir, il obtient des silhouettes floues ou archétypes anonymes.


Bertrand Tappolet



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